Les Germains et les Gaulois, au dire de César, méprisaient les armes de jet et ne faisaient pas usage de l'arc à la guerre.
Pourtant, à mesure que les armes offensives se perfection-naient chez un peuple, force était aux nations voisines, toujours exposées à une attaque de sa part, de se mettre en mesure de soutenir la lutte avec quelque chance de succès, soit en augmen-tant leurs moyens de défense, soit en perfectionnant à leur tour leur armement.
Les Gallo-Romains en arrivèrent donc peu à peu à employer l'arc. Il en fut de même chez les Francs qui, au moment de leur invasion en Gaule, n'avaient pour armes que la hache, appelée frankiske, et le hang, sorte de pique munie d'un harpon.
L'arc n'était pourtant inconnu ni de l'un ni de l'autre de ces peuples, et on a prouvé qu'ils l'utilisaient à la chasse ; mais leur principale qualité militaire consistant à fondre sur l'ennemi, ils n'estimaient que l'homme assez valeureux pour aborder son adversaire en corps à corps et dédaigner les armes qui pouvaient l'atteindre de loin.
L'arc passe pour avoir été adopté par les Francs à la guerre, un peu antérieurement au règne de Clovis (465).
Toutefois, à l'époque où les Arabes, après avoir fait la con-quête de l'Espagne, envahissent la Gaule par le midi, on voit les troupes de Charles Martel n'opposer aucun projectile aux flèches des archers berbères de l'armée des Sarrasins et se con-tenter de leurs lances et de leurs lourdes épées pour les vaincre et les mettre en déroute dans la plaine de Poitiers (732).
Un simple coup d'œil jeté sur l'histoire des siècles suivants nous montre au contraire que le soin d'entretenir des gens de traits ou des tireurs, de les armer convenablement et de les exercer, devient bientôt un des soucis des différents monarques qui président aux destinées de la France.
Dans ses Capitulaires, Charlemagne exige « que les soldats soient armés d'une lance, d'un bouclier, d'un arc avec deux cordes et de 12 flèches[1] ».
La désorganisation générale qui suit la mort de ce prince (en 814) fait qu'on se préoccupe peu de l'exécution des ordonnances réglant l'équipement, et, pendant longtemps, chacun s'arme à sa guise; mais, dès que s'impose de nouveau la nécessité de mettre une société armée en présence des Barbares du Nord (Normands) qui envahissent et ravagent la terre gauloise, jetant l'effroi avec leurs arcs dont ils excellent à se servir, on se groupe, on s'associe pour former des compagnies de défense et l'arc est choisi de préférence comme étant plus apte à lutter contre les armes de l'ennemi.
En Angleterre, ce furent aussi les Normands qui vulgarisèrent son usage en débarquant sur les côtes de la Grande-Bretagne au moment de la conquête.