I
L'ARC AUX TEMPS PREHISTORIQUES
Sans nous attarder à énumérer les différentes origines mythologiques ou fabuleuses que les anciens attribuaient à l'arc, nous nous bornerons à rappeler que, d'après les Grecs, l'honneur de son invention devait revenir à Apollon, dieu de la poésie et des arts, fils de Jupiter et de Latone. Les récits bibliques semblent, de leur côté, en désigner Lamech comme l'inventeur.
L'opinion la plus raisonnable est que l'invention de l'arc ne peut être attribuée ni à un homme ni même à une race déterminée, mais doit être considérée comme commune à plusieurs peuples.
On retrouve, en effet, la trace de cet instrument, dès la plus haute antiquité, chez des hommes vivant sous des latitudes différentes et n'ayant eu, selon toute vraisemblance, aucune relation entre eux. L'homme primitif de tous les pays, pour attaquer de loin ses ennemis, les tenir à distance et surtout atteindre les animaux dont il tirait sa nourriture, dut, quelque vigueur que la nature eût donnée aux muscles de son bras, s'ingénier à trouver des instruments capables de lancer avec plus de force et de précision les projectiles ou les traits qu'envoyait sa main.
Dans cet ordre d'idées, un morceau de bois fendu à son extrémité de telle façon qu'il pût retenir une pierre et la lancer sous l'impulsion du bras, puis la fronde plus ou moins rudimentaire furent, sans doute, ses premières découvertes.
On conçoit aussi sans peine que ces hommes, dans leur vie journalière au milieu des forêts, aient trouvé mille occasions de se rendre compte des propriétés élastiques de certaines branches d'arbres et du parti qu'ils pouvaient en tirer. Après en avoir fait des applications de toute sorte répondant à leurs différents besoins, leur génie pratique, au bout d'un temps plus ou moins long, devait insensiblement les amener à construire un engin qui, à la suite de recherches, d'essais et de tâtonnements probables, devenait, comparé aux autres, et malgré son extrême simplicité, une arme de jet perfectionnée.
L'état actuel de la science ne permet pas d'affirmer qu'au temps lointain où, dans notre pays, l'homme vivait en contact avec des animaux tels que l'éléphant, le rhinocéros ou le mammouth, l'engin qui nous occupe existât déjà.