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Avant-Propos
Part 1 de 5

Archerie devrait être le titre de ce livre: c'est ainsi, en effet, qu'on nommait autrefois en France la science en même temps que l'exercice du jeu de l'arc; mais ce terme, abandonné depuis le xvie siècle, et conservé seulement par les Anglais qui l'ont traduit par Archery, eût peut-être étrangement sonné aux oreilles de beaucoup de nos compatriotes, et nous avons eu quelque scrupule à le mettre en tête du volume.

Si le mot est oublié, l'exercice qu'il servait à désigner n'en est pas moins resté en honneur — depuis des siècles et sans dis-continuité — dans une grande partie de notre pays. Le nombre d'amateurs qui composent de nos jours les Sociétés et les Compagnies françaises formées pour le pratiquer peut facilement s'évaluer à plus de vingt mille.

En Belgique et dans certaines provinces de Hollande leur nombre n'est pas moins considérable. Malgré la grande popularité dont il jouit, on doit convenir pourtant que l'exercice de l'arc n'est pas, dans l'un ou l'autre de ces pays, un jeu à la mode au sens strict du mot.

Les Archers de France, de Belgique ou de Hollande, appartiennent tous pour la plupart à des classes modestes et laborieuses ; ils se livrent sans bruit et sans réclame à leur jeu favori et l'écho des réjouissances auxquelles donnent lieu leurs concours de tir, quelque brillantes qu'elles puissent être, franchit rarement les limites de leurs provinces.

En Angleterre, le tir à l'arc a subi une destinée toute différente.

Les Sociétés semblables aux nôtres, c'est-à-dire recrutées dans le peuple, ont depuis longtemps disparu et celles que l'on rencontre de l'autre côté de la Manche, pour anciennes qu'elles soient, n'ont plus rien de commun, ni comme nombre, ni comme organisation, ni comme composition avec celles du continent.

On peut à peine compter, à l'heure présente, quatre mille tireurs à l'arc dans le Royaume-Uni ; en revanche l'Archerie y est classée parmi les sports fashionables et jouit d'une vogue, sinon égale, du moins analogue à celle réservée au tennis, au crockett ou à tous autres jeux de plein air; enfin, comme il arrive pour ces derniers, on rencontre parmi ses fidèles autant de femmes que d'hommes, ce qui, on le comprendra sans peine, ne manque pas d'apporter dans les parties ou les concours un attrait auquel jusqu'ici les nôtres n'ont pu prétendre.

Les États-Unis ont suivi l'exemple de leurs pays d'origine et possèdent des sociétés toxophiles semblables aux sociétés anglaises.

Quand on se souvient du rôle important qui fut celui de l'arc, the long-bow dans l'histoire militaire de la Grande-Bretagne et qu'on a su retrouver dans les légendes, la littérature et les arts de celle-ci, les nombreux témoignages d'attachement, de reconnais-sance et presque de vénération dont il a été l'objet en tout temps de la part de la race anglo-saxonne, on ne constate pas sans étonnement la désaffection, complète depuis plus d'un siècle, des classes populaires anglaises pour l'Archerie; et la surprise augmente lorsqu'on envisage le sort différent qui lui est échu dans notre pays où l'arc et ceux qui le maniaient n'ont pourtant jamais excité un enthousiasme comparable.