Si les silex taillés que l'on a recueillis au milieu des ossements de ces animaux et leur présence en pareille compagnie ont précisément révélé l'existence de l'homme dès le début de l'âge du monde appelé quaternaire, rien n'indiquait que ces fragments eussent été assujettis à des traits envoyés par des arcs : dans le doute, on s'est contenté de les attribuer à des armes sur la valeur et la structure desquelles on ne saurait faire que de vagues hypothèses.
Nous avons des données plus certaines sur la présence de l'arc à une période beaucoup plus récente, bien qu'elle soit toujours comprise dans les limites de l'ère préhistorique.
Des fouilles pratiquées dans les régions lacustres de la Suisse et de l'Autriche ont mis à jour des objets de bois de l'époque néolithique [2] opportunément conservés dans la tourbe : parmi eux se trouvaient des arcs de main et des fragments de flèches.
Ces découvertes ont permis de constater que leurs dimensions, variées sans doute suivant les emplois auxquels ils étaient destinés, tir des oiseaux, des poissons, des grands animaux ou tir de guerre, étaient sensiblement les mêmes que celles de nos arcs modernes.
Il n'était pas possible, bien entendu, d'apprécier leur pouvoir balistique après un séjour aussi prolongé dans les terrains où on les a recueillis.
Il en résulte que, pour avoir une idée un peu précise de la valeur de l'arc aux époques préhistoriques, ce n'est qu'aux pointes de flèches en silex et à l'étude des blessures qu'elles produisaient qu'il faut avoir recours.
A cet égard d'autres découvertes, dont nous allons parler, ont encore permis de sortir du domaine des conjectures.
Les pointes en silex, taillé ou non, abondent dans nos musées et dans tous ceux de l'Europe. De nombreuses collections particulières en possèdent de précieux spécimens et on en voit même parfois, dans les musées scolaires de nos communes rurales, quelques échantillons fort rares. La raison en est que les laboureurs de nos contrées en rencontrent souvent sous le soc de leur charrue; or, si elles n'évoquent pas toujours en eux la vision des luttes qui ont eu lieu, dans le passé, sur le sol qu'ils cultivent, il en est peu néanmoins qui négligent de les recueillir.
Ces pointes de flèches présentent des formes variées se rapportant pour la plupart aux types que nous reproduisons cidessous (fig. 18).
Quelques-unes d'entre elles, véritables chefs-d'œuvre, nous sont un sûr garant, à défaut d'autre témoignage, du soin qui devait présider à la confection des arcs et des traits de nos ancêtres préhistoriques.