Des découvertes inespérées ont permis en outre de se rendre compte de la puissance que pouvaient avoir ces armes entre leurs mains.
On a trouvé des squelettes d'hommes de l'époque néolithique [3] ayant, les uns dans les vertèbres, les autres dans les tibias ou dans les os iliaques, de ces pointes de flèches fortement enchâssées. La position de quelques-unes indiquait qu'elles avaient dû traverser. des muscles ou des viscères avant de s'implanter dans les os où on les a recueillies. Notons en passant, à titre de curiosité, qu'une inspection minutieuse a permis de reconnaître que certains individus avaient survécu à leur blessure en conservant le projectile là où il avait pénétré[4].
Quoi qu'il en soit, pour arriver à pénétrer aussi profondément dans les os humains ou à travers les peaux épaisses des animaux auxquels avaient à faire ces tireurs, il fallait que leur flèche fût lancée par un arc d'une structure puissante manié par des muscles eux-mêmes exceptionnellement vigoureux[5].
L'inspection des ossements munis des pointes de flèches qui les ont frappés, permet de faire en outre des remarques intéressantes. La direction de certains projectiles, les parties du corps atteintes, démontrent que les traits sont arrivés, le plus souvent, directement et non pas « en chute », ou pour mieux dire sans décrire de parabole. On doit donc supposer que les flèches de cette époque étaient déjà pourvues d'empennes, car sans empennes elles n'auraient pu fournir une trajectoire aussi tendue, à moins d'admettre qu'elles n'aient été tirées de très près.
D'ailleurs, s'il est vrai que quelques tribus sauvages emploient encore de nos jours, soit par ignorance, soit par goût, des traits unis, il n'en est pas moine prouvé qu'un plus grand nombre. dont le degré de civilisation est parfois moindre sous tous les rapports, font usage pourtant de la flèche garnie de plumes.
Tout nous porte donc à croire que, dès ce moment, l'emploi de l'arc fut poussé à son dernier degré de perfection et, qu'avec les seules ressources dont ils disposaient, les hommes de cette époque primitive en tirèrent un parti qu'auraient pu leur envier leurs successeurs.