Il est bon de noter que la forme la plus communément adoptée par eux pour la pointe de leurs flèches est celle qui a été, jusqu'au siècle dernier, conservée pour tous les fers de flèches ou de traits de guerre.
En effet, la pointe en silex dite pointe à ailerons, à crans, à crochets ou barbelée (fig. 19), à laquelle nous faisons allusion et qui avait l'avantage de retenir la flèche dans les chairs et d'être ainsi plus dangereuse, fut exactement reproduite en bronze dès que ce métal fut découvert et servit successivement de modèle pour tous les siècles suivants (fig. 20).
L'examen des dents de requin fossiles a fait penser [6], non sans vraisemblance, que leur forme avait dû inspirer aux hommes primitifs celle des pointes dont nous parlons, au temps où les dents d'animaux, concurremment avec les morceaux de corne, de fragments d'os aiguisés ou d'arêtes de poissons, leur servaient à armer leurs traits (fig. 21).
La pointe en forme de feuille de laurier et celle en forme d'amande, possédaient généralement à leur base un pédoncule servant à emmancher dans la hampe de la flèche (fig. 22) : à défaut du pédoncule un habile entrelacement de liens et un enduit de bitume ou de résine assemblaient le trait et sa pointe de façon suffisante.
Enfin, le silex n'était pas la seule pierre employée et l'on a trouvé des pointes de flèches en jaspe et parfois même en cristal de roche.
Bornons là cette étude sur l'archerie des temps primitifs et contentons-nous de rappeler que c'est aux pointes de flèches recueillies sur le sol que la science est en partie redevable des premiers éclaircissements jetés sur l'obscure période des temps préhistoriques.
En effet, si la rencontre de ces silex de formes spéciales ne sut inspirer, presque jusqu'au siècle dernier, que des commentaires dénotant plus ou moins de fantaisie ou d'indifférence, ils éveillèrent à un plus haut degré la sagacité des savants de nos jours, qui, mieux avisés, devinèrent leur origine, donnèrent l'attribution véritable de leur emploi et surent découvrir par comparaison, à l'aide de recherches multipliées, toute la série des divers instruments de matière et de fabrication analogues.
L'étude attentive de l'armement préhistorique, on ne doit pas l'oublier, a permis d'adopter les grandes divisions qui, jusqu'à nouvel avis, serviront à classer les premières étapes de la civilisation humaine, tout au moins pour les contrées de l'Europe.