Lorsqu'on les bande, le nerf qui garnit leur dos s'étire, tandis que le bois ou la corne de la partie interne se courbe : ce double effet s'augmente encore lorsqu'on arme l'arc, c'est-à-dire lorsque, pour envoyer une flèche, on tire sur la corde ; mais celle-ci aussitôt lâchée, l'arc, en se redressant brusquement sous les deux efforts inverses de ses garnitures, externe et interne, qui cherchent à reprendre leurs longueurs premières, donne à la corde un pouvoir balistique augmenté dans une proportion considérable.
Le montage des arcs orientaux, la confection de la colle spéciale à la fois adhérente, souple et inaltérable qui sert à en assembler les parties, la fabrication des flèches, toujours équili brées, armées et empennées avec grand soin, enfin l'ornementation des uns et des autres, ainsi que celle des carquois, étuis, porte-arcs, bahuts, coffrets, armoires, sacs à corde, etc., en un mot, de tous les objets qui se rapportent au fourniment luxueux des archers de l'Orient, constituent un art délicat et complexe exigeant des ouvriers habiles[3] (fig. 61).
En Perse et aux Indes, ces arcs sont laqués ou décorés de pein tures sur cuir. En Chine et dans l'Extrême-Orient ils sont recou verts d'écorce de bouleau ou par fois de toile coloriée.
Certains arcs chinois, persans et indous, et aussi certaines flèches, sont ornés, par d'habiles artistes, d'admirables dessins qui constituent des œuvres de patience ne le cédant en rien aux vignettes exécutées par nos meilleurs imagiers du Moyen âge.
Les fers de flèches sont souvent damasquinés.
Les arcs chinois sont, en gé néral, munis vers les extrémités de leurs branches, de tasseaux, ou sortes de chevalets, sur le milieu desquels doit passer la corde.
Enfin, les arcs japonais, parmi les arcs orientaux connus, forment une catégorie à part qui mérite d'être spécialement signalée.
Bien qu'on puisse compter au Japon cinquante ou soixante types d'arcs, ils diffèrent presque tous, quant à la forme, de ceux des autres nations.
Ce qui constitue le caractère spécial qu'ils présentent, c'est que leur poignée, loin d'être vers le milieu de l'arc comme elle l'est en général, est située très près de l'extrémité de la branche inférieure, ce qui fait que cette dernière, dans un arc de 2 mètres par exemple, aura m. 73 alors que la branche supérieure comptera 1 m. 17, la poignée étant de o m. 10.
Cette disposition semble donner à ces arcs une plus grande portée et un tir plus horizontal, car sous ces deux rapports ils présentent une supériorité incontestable sur tous les autres arcs.