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L'Arc à la Chasse
Part 4 de 10

Le Roman de Rou nous représente également ce prince comme un chasseur à berser remarquable.

D'autres poèmes normands de cette époque témoignent de l'importance que prenait l'arc dans les chasses de la région du Nord.

Telle la version anglo-normande du célèbre roman de Tristan où il est dit que ce héros

Molt se sut bien de l'arc aidier,

et le poème de Marie de France, familière de la cour des rois normands[13], qui, après avoir raconté comment la biche-fée, toute blanche avec des perches de cerf, fut blessée par la flèche du damoisel Guzemer, ajoute que lorsque celui-ci s'en allait à la chasse,

Son arc li porteit un valiez
Son hansart et son berserez[14].

Ne quittons pas les domaines des rois normands sans dire quelques mots du célèbre Robin Hood, demi-brigand, demi-braconnier, dont les légendes anglaises ont fait une sorte de héros populaire, qui semble avoir vécu sous Richard Cœur de Lion vers la fin du XIIe siècle.

Robin Hood et son inséparable lieutenant Petit-Jean, Little John, passèrent leur vie à la tête d'une bande d'archers dont les exploits ont été mille fois chantés dans les ballades de la Grande-Bretagne.

Robin Hood est toujours représenté vêtu d'un capuchon vert, son grand arc à la main, une gerbe de flèches à l'épaule, son cor à la ceinture. Il parcourt la contrée en bon vivant, se nourrissant du produit de ses chasses et faisant la loi, avec l'aide de ses compagnons dévoués, aux puissants seigneurs contre lesquels il protège, comme un génie bienfaisant, les faibles et les opprimés. Son adresse à tirer de l'arc tient du prodige ; il ne manque jamais son but et envoie sa flèche à plus d'un mille, c'est-à-dire à plus de 1500 mètres[15].

La place réservée dans les traditions de la Grande-Bretagne à cet habile archer n'est pas le moindre indice des sentiments de tendresse que la race anglaise a toujours nourris à l'égard de son arme nationale et que nous aurons encore l'occasion de signaler.

De fait, ce fut l'Angleterre qui conserva plus longtemps que toute autre nation de l'Europe l'usage de l'arc à la chasse.

Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, des seigneurs anglais s'en servaient pour tirer parfois le grand gibier, et le comte de Shrewsbury, en 1616, tua trois cerfs de cette manière.

Cet attachement persistant à une arme démodée n'implique d'aucune façon que l'arbalète ou l'arquebuse fussent, à cette époque, inconnues ou méprisées en Angleterre : l'une et l'autre avaient été adoptées généralement par les chasseurs à tir, là comme dans les autres pays, mais, en se servant encore de l'arc pour la chasse de certain gibier, les Anglais obéissaient à un sentiment d'amour-propre semblable à celui qui, de nos jours, en Ecosse, en Autriche ou en Allemagne, empêche les chasseurs de cerfs ou de chevreuils de tirer ces animaux avec d'autres pro-jectiles que la balle. Outre l'attrait de la difficulté à vaincre, les chasseurs à l'arc cherchaient aussi la satisfaction que donne le succès dû à la puissance musculaire, sentiment légitime et qui dénotait chez eux le véritable tempérament d'hommes de sport.