Archer
The Archery Library
Old Archery Books, Articles and Prints
homebooksarticlesprintsnews
Home > Books > Le Tir à l'Arc >
L'Arc à la Chasse
Part 5 de 10

Le tir avec l'arc, en effet, qui exigeait surtout que la vigueur du bras s'associât à la sûreté du coup d'oeil pour produire une blessure efficace, constituait, on en conviendra, un exercice autrement intéressant que le tir d'une arme dont l'effet est toujours assuré si le coup d'œil a été juste.

L'exemple des Anglais semble avoir excité parfois l'émulation des seigneurs français. Le sire de la Trémoille, le connétable de Bourbon et le roi Henri II passent pour avoir eu de grandes prétentions comme tireurs à l'arc, et, en 1565, O'Neil, écrivant au Cardinal de Bourbon, lui disait : « Lorsque j'étais en Angleterre, je vis votre noble frère le Marquis d'Elbeuf transpercer deux cerfs d'une seule flèche[16] ».

Mais, d'une part, les préférences de l'aristocratie française pour les chasses à courre et au vol, d'autre part les défenses faites vers le XVIe siècle de tirer les grands animaux[17], avaient eu pour résultat de reléguer la chasse à tir en France au second plan, et, jusqu'à l'invention du fusil qui en changea les conditions et créa pour ainsi dire un nouveau genre de chasse, elle ne fut pratiquée en général que par des gens de condition modeste.

Ceux-ci employèrent naturellement, suivant leurs goûts, leurs caprices ou leurs ressources, tous les engins susceptibles d'atteindre le gibier qu'il leur était permis de tirer : une ordon-nance royale de 1515 fait déjà mention d'escopettes et d'arquebuses (èchoppettes et haquebuttes) et pourtant trente ans plus tard dans une autre ordonnance, l'arc figure encore au nombre des armes qu'il est défendu aux voisins des forêts royales de garder dans leurs maisons.

Il en résulte qu'on ne saurait dire avec précision à quelle époque on cessa complètement en France de l'employer à la chasse, mais on peut en conclure qu'il ne fut jamais entièrement remplacé par l'arbalète et que les armes à feu portatives par-vinrent seules à en supprimer l'usage.

En tout cas, même après cette époque, il compta encore, à défaut d'autres partisans, bon nombre de braconniers parmi ses fidèles.

On conçoit que, pour cette sorte de gens, il constituât un instrument précieux grâce à la facilité qu'on avait de le dissimuler et aussi à cause de son tir silencieux qui pouvait lui mériter la devise que les Espagnols avaient donnée à l'arbalète : Mata y non espanta (il tue, mais n'épouvante pas).

S'il est difficile de préciser la fin de l'emploi de l'arc, il est moins malaisé de prouver que l'arbalète ne fut pas adoptée chez nous, comme arme de chasse, avec autant d'empressement qu'elle l'avait été comme arme de guerre.

Le Livre du Roy Modus et le Traité de Gaston Phébus en font foi.

Les auteurs de ces célèbres ouvrages de vénerie ont, l'un et l'autre, parlé assez longuement de la chasse à tir; peut-être l'ont -ils fait « mal volontiers », car, suivant l'expression de l'un deux, ils ne devaient enseigner « à prendre les bêtes, si ce n'est par noblesse et gentillesse » et à leurs yeux ce n'était que la chasse « à forcer avec chiens » qui seule pouvait réunir ces conditions. Quoi qu'il en soit, le premier n'a pas dit un mot de l'arbalète et le second en a fait à peine mention ; or l'un et l'autre écrivaient au milieu ou à la fin du XIVe siècle et depuis plus de deux cents ans déjà, cette arme était en usage en Europe.

En Espagne, où l'arbalète a été, comme le remarque Magné de Marolles[18], ce que l'arc fut en Angleterre, on avait délaissé celui-ci depuis la fin du XIIe siècle[19]. A quelques années près, il en avait été de même en Italie[20], en Allemagne et en Suisse[21].