L'auteur du Livre du Roy Modus et de la Reine Ratio parle « du déduit de la chasse à toutes bêtes sauvages, etc., etc., avec le stille de faulconnerie et aussi les subtilités d'arcerie ».
Dans les pages qu'il consacre à cette dernière étude, nous passerons celles où il explique « comment arc fut trouvé » et où il prétend savoir qu'il le fut par un nommé « Secundus lequel eut un fils qui eut nom Tarquin et était le meilleur archer qui oncques fust », et nous arriverons tout de suite aux enseignements que le père donne à son fils, avant qu'il aille chasser à l'arc[23].
Il lui apprend « neuf choses du mestier d'arcerie ».
1º « Que la corde soit de soie (verte ou autre) pour trois causes. La première est que la soie est si forte qu'elle durera plus sans se rompre. » La seconde qu'elle devra, si elle est bien assemblée, être si cinglante qu'elle enverra « une sayette ou boujon plus loin et pourra donner un meilleur coup que nul autre corde. La troisième est qu'en soie on peut faire une corde aussi grêle (mince) que l'on veut. »
2º Si l'on veut « traire (tirer) droit » et que la flèche pointe droit sur le point où l'on vise, avoir soin de mettre les pennons à plat contre l'arc, car au cas contraire un des pennons rencontrant l'arc au moment de tirer « il y ferait bosche (bosse) et la sayette n'yrait mie droict (n'irait pas droit). »
3º On doit tirer à trois doigts et tenir l'encoche de la flèche entre l'index et le doigt suivant.
4º Si le fer de la flèche est léger, que les pennons soient « bas taillés et plus courts » ; s'il est pesant, « ils doivent être plus hauts et plus longs. »
5º « On doit ferrer la sayette de telle façon que le barbel du fer réponde et soit en droit de la coche de la flèche. »
6º La flèche doit avoir dix poignées[24] de long (environ 0 m. 70) depuis l'encoche jusqu'aux barbeaux du fer.
7º « L'arc de droite moison (de bonne condition) doit avoir le long entre la coche du bout d'en haut jusqu'à celle d'en bas vingt deux poignées étroitement (environ 1 m. 55). »
8º Lorsque l'arc sera tendu, il doit y avoir entre l'arc et la corde « pleine palme et deux doigts ».
9º « On doit tendre l'arc de la main dextre et le tenir de la main senestre (gauche). »
Après ces premiers conseils sur l'arme du chasseur, l'auteur passe à la description des différentes manières que l'on peut employer pour « traire les bêtes ».
Nous ne signalerons, dans chacun des sept chapitres qu'il consacre aux différents genres de chasse à tir, que ce qui a rapport à l'emploi de l'arc proprement dit.
Notons toutefois que l'archer doit être toujours muni d'une lime pour aiguiser les fers de ses flèches et les rendre « bien tranchants et affilés » ; il aura en outre dans sa bourse une ou deux cordes de rechange; enfin il devra être « vêtu de vert ou de couleur qui ressemble au bois ».