Archer
The Archery Library
Old Archery Books, Articles and Prints
homebooksarticlesprintsnews
Home > Books > Le Tir à l'Arc >
L'Arc à la Chasse
Part 9 de 10

Il en sera de même de l'arc du chasseur qui va à cheval « traire à vue » (fig. 36).

Fig. 36. &emdash; « Traire à vue à cheval. » Le Roy Modus, Bibl. nat., mss 12399.
Fig. 36. — « Traire à vue à cheval. »
Le Roy Modus, Bibl. nat., mss 12399.

Pour « traire à vue », autrement dit en chassant devant soi, ou, suivant l'expression consacrée, au cul levé, si le chasseur est à pied il devra au contraire se servir d'un arc plus fort que dans toute autre circonstance, car il aura à tirer de plus loin et il n'y aura plus pour lui de nécessité de garder « trop longtemps l'entois » : de plus, il pourra sans inconvénient étendre les bras, baisser le corps et « soy plongier en son arc », mouvements auxquels oblige un arc fort.

Enfin de quelque arc qu'on se serve « il faut tirer sa corde jusqu'à l'oreille », de telle façon « que le fer de la flèche arrive à l'arc. »

Gaston Phébus, comte de Foix, qui n'écrivit son livre Des déduits de la chasse qu'en 1387, c'est-à-dire postérieurement à la publication du Livre du Roy Modus, s'est, sans aucun doute, inspiré de ce dernier en ce qui concerne les chapitres relatifs à l'archerie, à moins que les deux auteurs n'aient puisé l'un et l'autre à une source commune en tout cas inconnue de nous.

Nous ne saurions donc analyser l'archerie de Gaston Phébus sans tomber dans des redites presque textuelles: aussi nous contenterons-nous de relever, dans l'ouvrage de cet auteur, les seuls passages contenant des détails qui ne se trouvent pas dans celui de son prédécesseur.

Contrairement à ce dernier qui n'a parlé que de l'arc, Gaston Phébus dit tout d'abord qu'on peut « traire les bestes à l'arcba-liste » ; mais c'est la seule mention qu'il fait de cette arme et il ne s'occupe que du tir « de l'arc de main qu'on appelle anglais ou turquois[26] ».

L'arc de main doit être d'if ou de « boix » (buis[27]) et avoir « 20 poignées de l'une ousche où la corde se met jusques à l'autre, et doit avoir un fer de cinq doigts de long et quatre doigts de large au bout des barbieux ».

L'auteur conseille de tirer, en battues, les bêtes fort en avant quand elles viennent de côté, et fait remarquer qu'il est plus facile de tirer à gauche qu'à droite; enfin il recommande d'éviter de tirer sur la ligne des chasseurs ; « aussi est-il de grand péril celui qui tire droit de son côté, car souvent on manque la bête et si on ne la manque pas la flèche en passant d'outre en outre à travers elle, pourrait tuer ou blesser un des compaignons qui sont sur le rang et par un tel cas j'ai vu affoler (estropier) Messire Godefroy de Harcourt de l'un des bras. »

Enfin, après ces sages recommandations, que peuvent méditer encore les chasseurs à tir de notre temps, l'auteur termine son chapitre sur l'archerie en disant : « Des arcs ne sais-je pas trop, mais qui plus en voudra savoir qu'il aille en Angleterre car c'est leur droit mestier ».

Fig. 37. &emdash; Retour de la chasse. D'après Moreau le Jeune.
Fig. 37. — Retour de la chasse.
D'après Moreau le Jeune.

Comme on peut le voir d'après ces courts extraits et les exemples que nous avons déjà cités, le tir de l'arc était surtout employé pour la chasse des grands animaux et rarement, après l'invention de l'arbalète, on l'utilisa pour la chasse du petit gibier ou du gibier à plume[28]. Mais auparavant on ne pouvait atteindre ce dernier autrement qu'avec la flèche de l'arc, ce qui nous amène à parler du tir au vol.