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L'ARC A LA GUERRE
Part 10 de 11

La dernière destinée militaire de l'arc, en France, fut donc de servir d'arme de parade.

Dans les autres parties de l'Europe occidentale son emploi à la guerre disparut également de façon définitive[22]; par contre, jusqu'à la première moitié de ce siècle, il fut continué par certains corps de cavalerie, d'origine asiatique, servant dans l'armée russe et, en 1815, on vit en France des éclaireurs Tartares armés de l'arc, aux prises avec nos troupes.

En Angleterre, la vieille arme nationale subit la destinée commune et fit place aux armes perfectionnées, mais ce ne fut pas sans regret qu'on l'abandonna[23].

Chaque fois qu'une tendance à en négliger la pratique se manifes-tait, une ordonnance royale apparaissait et venait, par des règlements précis et sévères, réchauffer le zèle populaire à son endroit.

D'après l'Encyclopédie du XVIIIe siècle, Henri VIII avait obligé chaque tireur d'arc de Londres à faire un arc d'if et deux d'orme, de coudrier, de frêne ou d'autre bois, et les tireurs de la campagne à en faire trois; Elisabeth avait exigé que chaque archer eût chez lui cinquante arcs; Édouard IV, avant elle, avait ordonné d'en multiplier la fabrication et défendu de les vendre trop cher. Les meilleurs ne pouvaient pas valoir plus de 6 sous 8 deniers. Enfin chaque commerçant qui trafiquait à Venise ou autres endroits « d'où l'on tire des bâtons propres à faire des arcs, était tenu d'en apporter quatre pour chaque tonneau de marchandise sous peine de 6 sous 8 deniers d'amende pour chaque bâton manquant » et Richard III avait de même prescrit aux vaisseaux qui font le commerce des vins de rapporter « 10 bâtons à faire des arcs pour chaque botte ou tonneau de malvoisie à peine de 13 sous 4 deniers d'amende »[25].

Vainement ces ordonnances furent renouvelées au XVIIIe siècle, vainement aussi, William Neade et sir James Turner essayèrent de prolonger l'usage de l'arc à la guerre; le premier, en publiant en 1625 un livre intitulé « Double-armed man » « L'homme doublement armé », dans lequel il expliquait, avec gravures à l'appui, un nouvel exercice militaire basé sur l'emploi combiné de l'arc et de la pique; le second, en réclamant, en 1670, la création d'un corps de vélites dont une partie serait armée de l'arc[26].

Ces tentatives devaient forcément rester infructueuses et le mousquet et le fusil finirent par être uniquement employés en Angleterre comme ailleurs.