L'arc reste donc l'arme de la troupe en campagne et la flèche de l'archer, qui s'attache à la blessure et affole les chevaux en leur battant aux flancs, passe pour être plus redoutable à la cavalerie et plus capable de l'arrêter que la balle ou la mitraille des arquebusiers.
En outre, le tir des engins portatifs à feu, pour atteindre une distance assez grande, reste longtemps parabolique et longtemps aussi, lorsqu'on l'emploie de but en blanc, sa portée n'est guère supérieure à celle de l'arc ou de l'arbalète.
« L'archer et l'arbalétrier, dit Guillaume du Bellay, occira aussi bien un homme nud de cent ou deux cents pas loing que le meilleur arquebusier ; et telle fois que le harnois s'il n'est des plus forts, n'y pourra résister »[19].
A la longue pourtant, les armes à feu de toute sorte, en se perfectionnant finissent par changer les conditions dans lesquelles s'engagent les combats.
La vieille tactique qui consistait pour les archers à se développer en tirailleurs ou, plus souvent, à cribler de flèches le front de bataille de l'ennemi et à se retirer ensuite derrière la cavalerie pour permettre à celle-ci de charger, devient peu à peu sans objet. Grâce à leur portée, les pièces d'artillerie remplissent désormais cet office avec plus d'utilité.
Les francs-archers sont définitivement supprimés sous François Ier. Bientôt le nom d'archers ne sert plus en France qu'à désigner les fonctionnaires subalternes de police, ou certains huissiers du palais, et l'arc ne reste plus que l'arme distinctive de la Garde écossaise particulièrement attachée à la personne du roi.
Ce corps comprenait, à sa formation, cent hommes qui avaient à leur tête vingt-quatre gardes de la même nation, appelés Gardes de la manche, parce que deux d'entre eux se tenaient toujours de chaque côté du monarque.
Un autre corps d'Écossais avait été placé à la tête des quinze compagnies de gendarmerie et fut longtemps commandé par des seigneurs d'Écosse de la plus grande distinction et même par des fils de roi, tels que le fils de Marie Stuart, Jacques VI, qui en fut capitaine en 1584[20].
Mais insensiblement, la Garde écossaise se recruta dans les troupes françaises et, dès lors, abandonna l'arc qu'elle remplaça par la hallebarde[21].