Sans qu'on puisse dire qu'il figure encore de nos jours dans les rangs de l'armée anglaise, il faut noter néanmoins que la Compagnie écossaise de la Garde de la Reine a conservé l'usage de porter, aux jours de parade, l'arc en même temps que le costume pittoresque des Écossais du temps des Stuarts.
C'est en Amérique qu'il faut nous transporter pour trouver trace des derniers efforts faits pour conserver l'arc.
A la fin du siècle dernier, on pouvait voir les Indiens lutter, non sans succès, contre les balles avec leurs flèches. Il est vrai de dire que les fusils encore à pierre et se chargeant par le canon, n'avaient qu'un tir lent, incertain et irrégulier, alors que l'arme des Indiens, maniée avec une incomparable adresse, trouvait bien son emploi dans une guerre de surprises et d'escarmouches. Toujours est-il que Benjamin Franklin, écrivant au général Lee en 1776, exprimait le désir de voir armer d'arcs et de flèches certaines troupes régulières et invoquait les raisons émises ordinairement en faveur de l'arc, c'est-à-dire la facilité qu'on avait à s'en procurer, l'absence de bruit et de fumée, etc.[27]
De leur côté, dès le siècle dernier, plusieurs peuplades de l'Amérique du Nord s'empressèrent d'adopter le fusil à pierre, renonçant maladroitement à une arme que leur adresse rendait redoutable à l'ennemi, pour adopter un instrument imparfait, d'un chargement compliqué et qui ne leur parvenait ordinairement que par l'intermédiaire des trafiquants et seulement à l'état d'arme de rebut. Cette raison et la difficulté pour eux de se procurer la quantité de poudre suffisante le rendaient, la plupart du temps, inutile entre leurs mains. Mais sous l'empire d'impressions personnellement ressenties il leur semblait que la détonation des armes à feu devait compenser tous ces désavantages, par la terreur qu'elle inspirait à l'ennemi.
Les Chinois et les Japonais, qui les uns et les autres ont poussé très loin l'art de tirer à l'arc, n'en ont abandonné l'usage à la guerre que depuis une cinquantaine d'années à peine.
Enfin de nos jours les différentes nations européennes qui font la conquête des territoires africains ont souvent affaire aux flèches des indigènes, qui luttent vainement contre les projectiles des armes à tir rapide.
Telle est, à grands traits, l'historique de l'arc dans sa lutte contre les progrès toujours grandissants des engins à feu.
Cet aperçu permettra aux lecteurs de se rendre compte de la place importante que cette arme a tenue chez tous les peuples. Nous nous réservons d'examiner plus loin l'emploi qu'on en fait encore de nos jours dans les cinq parties du monde.
