A maintes reprises on eut l'occasion de voir les Anglais se servir avec succès de ce moyen pour éviter le choc de la cavalerie, la tenir à distance, et s'avancer même en conservant leurs positions.
En 1428, devant Beaugency, ils rencontrent un corps d'armée rançais rangé en bataille : aussitôt « fust prestement faict com-mandement expres de par le roy Henry d'Angleterre, que chacun se meist à pié, et tous archiers eussent leurs peuchons estoquiez devant eulx, ainsi comme ils ont coustume de faire quand ils cuident estre combattus »[14].
Les archers anglais firent école.
Pendant qu'ils occupent une partie du Boulennois et de la Picardie, les Picards, déjà renommés comme tireurs, servent dans eurs rangs et, prenant exemple sur eux, se perfectionnent et adoptent leur manière de combattre. C'est ainsi que, dans une escarmouche, près de Montépilloy, un parti d'archers picards tient tête à l'armée du roi de France grâce aux pieux derrière lesquels ils se retranchent. Les Bourguignons, longtemps alliés des Anglais, acquièrent également une réputation comme archers, et leurs chefs arrivent à se conformer à la tactique des chevaliers de la Grande-Bretagne qui, loin de mépriser les gens de traits comme on le faisait en France, tiennent à honneur de descendre de cheval et de combattre à pied avec eux « affin que le peuple en fust plus assuré et combattist mieux »[15].
Charles VII, instruit par l'expérience de ses prédécesseurs, s'efforce, à peine arrivé sur le trône, de procéder à des réformes destinées à créer une armée nationale.
Il apporte un soin égal à l'organisation des troupes à cheval et à pied. Le 2 novembre 1439, il forme un corps de cavalerie permanente par la création des compagnies dites d'ordonnance.
Chaque compagnie se compose de cent gentilshommes dont chacun est suivi de deux valets et de trois archers montés[16].