Enfin, le 28 avril 1448, par une ordonnance datée de Montils-les-Tours, il crée les francs-archers, ainsi appelés à cause des franchises ou exemptions d'impôts qui leur sont accordées.
Les Francs-Archers sont destinés à constituer une sorte de réserve et à remplir le rôle d'une garde nationale. Chaque ville doit en fournir un nombre proportionné à sa population, pour être en mesure de répondre aux appels du roi lorsque les circonstances l'exigent[17].
Chacun des francs-archers, que l'on nomme bientôt par ironie « francs-tau pins » parce qu'ils sont à pied et avancent en se cachant comme la taupe[18], est armé d'un arc, d'une trousse portant 18 flèches et de la vouge, sorte de lame à un tranchant emmanchée d'un long bâton.
Il porte sur le corps un jaque ou une brigantine et sur la tète la salade. Ces soldats doivent être « eslus et choisis parmi les plus droicts et aisés pour le faict et exercice de l'arc qui se pourront trouver en chacune paroisse, sans avoir égard ni faveur à la richesse et aux requêtes que l'on pourrait sur ce faire.... »
Cette recommandation dénote bien de la part du roi la volonté d'avoir surtout des tireurs habiles.
En 1453, lorsqu'il crée la Garde écossaise, ou, en tout cas, procède à sa réorganisation de façon si complète qu'on peut lui attribuer l'honneur de la création de ce corps d'élite, il semble avoir le désir de donner à tous les archers du royaume un modèle d'adresse, de courage et de dévouement en même temps qu'il tient à témoigner à la nation écossaise sa reconnaissance des services que lui ont rendus ses soldats en venant combattre l'ennemi commun, l'Angleterre.
Au commencement du règne de Louis XI, les archers sont toujours en honneur et Philippe de Commines, que nous avons déjà cité, fait leur éloge en disant: « La souveraine chose du monde ès batailles sont les archiers, mais qu'ils soient à milliers car en petit nombre ne vallent rien, » et il ajoute ce conseil plein de sagesse, pour répondre à ceux qui préconisaient alors l'emploi des archers à cheval, « que ce soient gens mal montés à ce qu'ils n'aient point de regrets de perdre leurs chevaux ou du tout n'en aient point.... »
Cependant, les progrès croissants de l'artillerie avaient fini par provoquer l'invention de l'arquebuse, et il ne parut pas douteux que l'arc, que n'avait pu complètement détrôner l'arbalète malgré les perfectionnements qu'elle avait subis depuis déjà trois siècles, allait tomber enfin en complète décadence.
Pourtant, il n'en fut rien pendant quelque temps encore ; les francs-archers, supprimés vers la fin du règne de Louis XI et remplacés par les Suisses armés de piques et de hallebardes, sont rétablis par Charles VIII et subsistent sous Louis XII. L'expérience avait en effet démontré qu'aucune arme ne pouvait fournir un tir aussi rapide que celui de l'arc ; l'absence de bruit et de fumée donnant de plus à celui-ci, dans des circonstances particulières, l'avantage sur les arquebuses, ces dernières, encore lourdes, peu maniables et difficiles à charger, sont réservées de préférence, comme les arbalètes, pour la défense des places.