Homère, dans le passage de l'Illiade déjà cité, après avoir parlé de l'arc brillant de Pandarus fait avec les cornes d'une chèvre sauvage, ajoute : « Ces cornes hautes de seize palmes avaient été travaillées et polies par un habile ouvrier qui les réunit avec soin et les entoura d'or. »
Il faut entendre par palme la largeur d'une main, soit une mesure d'environ 7 centimètres: si chaque corne avait seize palmes, l'arc en comptait trente-deux, autrement dit à peu près 2 m. 20, mesure sensiblement égale à celle de nos arcs actuels.
C'est encore Homère qui nous fournit des renseignements sur la roideur qu'avaient quelquefois les arcs antiques, les difficultés qu'on pouvait rencontrer à les bander ou tendre et, dans ce cas, les moyens ordinairement mis en usage pour faciliter cette besogne.
Tout en tenant compte de l'exagération du poète qui avait à glorifier ses héros, il est intéressant d'apprendre que successivement Télémaque, Antinous, Léodès et Eurymaque, sur un défi porté par Pénélope, font d'inutiles tentatives pour tendre l'arc d'Ulysse, bien que quelques-uns d'entre eux aient pris la précaution « pour l'amollir et le rendre plus flexible, de le frotter longuement avec un rouleau de graisse devant un grand feu ».
Ulysse seul le tend, sans effort et « aussi facilement qu'un maître de lyre tend une corde de boyau avec une cheville ».
L'adresse des archers semble avoir été différente selon leur nationalité, et toutes les races ne se montraient pas également aptes au maniement de l'arc.
La supériorité incontestable des Asiatiques nous est confirmée par les témoignages successifs d'Hérodote, de Xénophon, de Strabon, de Lucien et de beaucoup d'autres auteurs de l'antiquité.
« Apprendre à tirer de l'arc et à dire la vérité » étaient, d'après l'un de ces historiens, les bases du système d'éducation auquel, chez les Perses, on soumettait la jeunesse dès l'âge de cinq ans.
L'arc a tenu d'ailleurs une place importante dans l'histoire de cette nation; les pièces de monnaie qui, pendant plusieurs siècles portèrent successivement l'effigie de ses différents souverains représentés armés ou tirant de l'arc ou redressant une flèche, n'en sont qu'un des moindres témoignages [6] (fig. 23, 26, 27, 28)[7].