En ce qui nous concerne nous n'avons qu'à signaler l'arc et le carquois de ces guerriers; on remarquera que l'arc est porté tendu, habitude particulière, de nos jours encore, aux peuples de l'Orient, et que les dimensions du carquois font présumer qu'il contenait des flèches assez longues.
Il n'est pas sans intérêt d'indiquer les différentes manières adoptées par les anciens pour placer sur eux leurs flèches à portée de la main. L'archer, porteur de carquois, le mettait sur le dos, droit ou incliné, à la taille ou sous l'aisselle (fig. 31), en en tournant l'ouverture à droite ou à gauche. Dans ces différents cas, il prenait la flèche par-dessus l'une des épaules (fig. 32) ou en passant la main sur le devant du corps ou derrière le dos.
L'arc se portait souvent dans un étui spécial ou dans une gaine attenant au carquois (fig. 33).
Lucien nous dit que les Éthiopiens, dédaigneux du carquois, portaient leurs flèches plantées dans leur chevelure.
Peut-être, en agissant ainsi, obéissaient-ils également au désir de se donner un aspect fantastique destiné à effrayer leurs ennemis, car déjà dans ce but, ils avaient, d'après le même auteur, l'habitude singulière de faire toujours un saut sur place avant de décocher leur trait.
Cette ruse de combat nous amène à parler des stratagèmes auxquels avaient recours les archers de l'antiquité et à citer quelques-uns des moyens employés contre eux par leurs adversaires.
Lorsque deux troupes armées d'arcs avaient à se combattre, l'une d'elles, pour engager l'autre à tirer hors de portée, lui envoyait parfois un certain nombre de flèches légères dites volantes, qui, parvenant jusqu'à l'ennemi, le trompaient sur la distance réelle qui le séparait de l'agresseur, provoquaient de sa part une riposte et pouvaient l'amener à épuiser ainsi, sans effet, toutes ses munitions. Les auteurs de cette ruse s'avançaient alors à bonne portée, décochaient leurs traits impunément et de plus s'emparaient des flèches qui couvraient le sol. Nous retrouverons une tactique analogue dans les guerres du Moyen âge.
De leur côté, les armées ayant pour adversaires des archers dangereux, s'efforçaient de profiter des moindres circonstances pouvant être défavorables au tir de ces derniers.
Il y avait toujours avantage, comme on le conçoit aisément, à attaquer des troupes armées d'arcs les jours de grand vent ou de pluie. C'est ainsi que Scipion, combattant Antiochus en Lydie et voyant se prolonger un violent orage, soupçonna que les cordes des archers ennemis ne rempliraient plus leur office et pour cette raison n'hésita pas, « bien que ce fût un jour consacré », à engager la bataille qui fut pour lui une victoire[15].