IV
EN AMÉRIQUE
Depuis l'époque où Colomb, en découvrant le Nouveau Monde, rencontra des populations armées d'arcs et de flèches dont elles se servaient avec une extrême habileté, les choses ont quelque peu changé en Amérique, et, de jour en jour, les races indigènes, sous la fatale influence de la civilisation, ont disparu presque totalement.
Pourtant, celles qui subsistent ont conservé l'usage des armes de leurs ancêtres et s'en servent avec une adresse incomparable.
Dans l'Amérique du Sud on compte encore un certain nombre de tribus sauvages dont les arcs construits avec beaucoup de soin sont d'une très grande puissance et bien qu'ils soient primitifs ne ressemblent en rien aux médiocres arcs des peuplades africaines.
| 1. Arc chinois détendu. | 10. Flèche tartare (0m,82). |
| 2. Le même, tendu (1m, 70). | 11. — chinoise (0m, 95). |
| 3. Arc japonais (2m). | 12. — circassienne (0m, 76). |
| 4. — européen en if (2m). | 13. Maquet européen (0m,75). |
| 5. — de l'Amérique du Sud (2m). | 14-15. Flèches persanes (0m,78). |
| 6. — indou détendu. | 16. Flèches japonaises (0m, 85). |
| 7. Le même, tendu (1m, 25). | 17. — d'Afrique (0m,70). |
| 8. Flèche de Sioux (Amérique du Nord) (0m,75). | 18. — d'Amérique du Sud (1m,72). |
| 9. Flèche de Kirghis (Asie) (0m,70). | 19-20. Flèches indoues (0m,72). |
Ils ont en général 2m à 2m30 et sont faits avec des essences de bois très dures : la plupart du temps, c'est le bois de fer ou bourakoura qui est employé à cet usage; la tige des arcs est arrondie ou quelquefois plate. Leur maniement exige toujours une grande force musculaire : quelques-uns même ne peuvent être utilisés que comme arcs de pied[13]. Ce sont des arcs de cette sorte qu'emploient, dit-on, les indigènes de la vallée de l'Orénoque pour tirer des tortues dont l'épaisse carapace ne peut être percée que par des flèches tombant verticalement et d'une grande hauteur.
Les flèches, dont la longueur varie entre 1m50 et 1m70. sont garnies d'empennes d'une longueur proportionnée, d'autres au contraire n'en ont pas : leurs pointes sont formées souvent avec des silex taillés, des morceaux de fer, d'os, de verre, d'obsidienne éclatée ou de roseau affilé.
On peut voir au Musée ethnographique du Trocadéro le type des arcs et des flèches des sauvages de la région du Haut-Amazone au Brésil, en particulier ceux des Iquitos et des Caxibos
Le curare est le poison que les Indiens de l'Amérique méridionale emploient d'ordinaire pour leurs flèches.
Les Indiens, dernières épaves des anciennes tribus de l'Amérique du Nord, Comanches, Apaches, Pawnies, etc., usent d'arcs plus petits que les sauvages de l'Amérique du Sud : ces arcs sont en bois d'Hickory ou d'Hicorie[14], de caroubier, de mûrier, etc.. et ils ont environ 1m10.
Le bois d'hicorie est analogue au chêne par son aspect, mais il lui est bien supérieur par ses qualités balistiques.
Les Indiens de la Californie, pour donner plus de force à leurs arcs, les recourbent légèrement dans le sens opposé à la corde : celle-ci est faite de chanvre sylvestre et est garnie de peau pour éviter, dit-on, le sifflement qu'elle peut produire : la flèche sans empenne est munie à son extrémité d'un silex aigu et tranchant. Enfin, on trouve dans cette région certains indigènes employant des arcs dans le bois desquels, à la poignée, est ménagé un trou pour laisser passer la flèche.
La vigueur des archers californiens était, il y a quelques années encore, très renommée, et ils passaient pour pouvoir, à trente mètres, traverser de part en part un cheval lancé au galop.
Les Peaux-Rouges et les Indiens Sioux poursuivaient à cheval les troupeaux de buffles et arrivaient souvent à en tuer plus, à l'aide des flèches dont ils les criblaient, que les chasseurs armés d'une carabine à un seul coup qui n'avaient pas la faculté de recharger leur arme avec rapidité.