Les arcs des Esquimaux méritent d'attirer particulièrement l'attention, car ils ont la forme asiatique dans ce qu'elle a de plus primitif, mais sont construits avec de tout autres matériaux que les arcs orientaux. La corne de renne qui entre en majeure partie dans leur construction et les quelques fragments de bois qui y sont ajoutés, sont entourés de lanières de cuir ou de nerfs d'animaux savamment nattées dont la disposition semble destinée à donnera l'arc l'élasticité qui lui manque. Ce sont d'ailleurs des armes assez médiocres qui suffisent à la nature pacifique des Esquimaux qui n'en font usage que pour tirer le gibier à de faibles distances.
Toutefois, ces arcs ont été pour M. Murdoch[15] l'objet d'une étude pleine d'intérêt; nous ne saurions mieux faire que d'emprunter au livre de ce savant américain un des spécimens qu'il a reproduits (fig. 80). Nous signalerons en même temps les passages que M. Longman a consacrés au même sujet dans le livre Archery, que nous avons déjà eu si souvent l'occasion de citer[16]. Après avoir indiqué que l'arc du type composé, que nous appelons oriental, a dû se propager peu à peu de 1'Ouest à l'Est et passer d'Asie dans les régions de l'Amérique habitées par les Esquimaux, en franchissant le détroit de Behring, M. Longman explique que la pénurie des matériaux, de la corne et du bois, a réduit ces indigènes à se contenter de faire la carcasse de l'arc avec des andouillers de rennes en y ajoutant quelques morceaux de sapin ou de bois flotté, seuls genres de bois qu'on arrive à se procurer dans ces régions glaciales.
Pour compléter cet aperçu de l'usage qu'on fait encore de l'arc en Amérique, nous devons ajouter qu'il existe aux États-Unis un certain nombre de Sociétés de Jeu de l'Arc organisées sur le modèle des Sociétés anglaises.
M. Maxson nous apprend que ce sport ne commenç a à être à la mode que vers le début de ce siècle parmi les hautes classes de la société américaine et que depuis lors il subit des fortunes diverses[17].
Nous donnerons de plus amples détails sur l'archerie américaine dans un des chapitres suivants mais nous pouvons dire, dès maintenant, que l'exemple donné il y a une vingtaine d'années par deux fervents amateurs, MM. Maurice et W. H. Thompson, qui poussèrent leur passion pour l'arc jusqu'à s'en servir à la chasse, ne contribua pas peu à donner un regain de popularité à ce genre de tir. Les récits de leurs exploits ont paru dans différents « Magazines » américains en 1877 et 1878 et ont été réunis ensuite en un volume sous le titre « Les Enchantements de l'Archerie[18] ».