Après avoir discuté longuement la méthode qu'il enseigne, l'auteur ajoute qu'il sait une foule de secrets sur les propriétés de certaines flèches, sur le traitement à employer pour remonter l'ardeur d'un archer fatigué, sur la façon de tirer la nuit aux torches, etc.; mais il déclare qu'il ne peut les confier que verbalement.
Puis il se livre à quelques considérations sur l'antique archerie japonaise, parle d'un archer du XIIe siècle, Kaburasati Genta, qui couvrait la distance de 800 mètres, et termine son livre par une discussion sur la question de savoir si l'arc est inférieur au fusil ou réciproquement. Il conclut en recommandant aux chefs d'armées de se servir de l'un et de l'autre, de l'arc pour tirer de près et du fusil pour tirer de loin.
On cite également comme célèbre un traité sur le tir à l'arc écrit en langue persane, mais nous n'avons aucun renseignement à ce sujet. La Bibliothèque Nationale possède sept ou huit manuscrits arabes du même genre[9]; l'un deux, dont le titre seul a été traduit, est intitulé : Poème sur l'art de lancer des flèches avec un commentaire, le tout composé par Taibogha al Aschrafi surnommé Al-Baklamis al Yoúnani[10] . Le rédacteur du catalogue où est mentionné cet ouvrage s'est contenté d'indiquer que le poème comprenait cent cinquante vers rimant tous en ani.
Nous terminerons ce chapitre, bien qu'il y ait encore beaucoup à dire sur l'archerie orientale, en ajoutant que le Musée du Louvre et le Musée d'Artillerie, en dehors des collections particulières, possèdent d'intéressants spécimens des objets formant l'armement et l'équipement des différents archers asiatiques.
Les figures que nous donnons indiqueront sommairement au ecteur les types les plus caractérisés des arcs et flèches de ces contrées qui furent, à toutes les époques, celles du monde où la science du tir et l'industrie de tous les instruments qui s'y rapportent ont été poussées au plus haut degré de perfection.
Pourtant, il ne faudrait pas en déduire qu'on ne puisse rencontrer, dans les pays compris dans les limites de l'Asie, d'autres arcs que ceux appartenant au type des arcs orientaux ; il n'en est rien en effet ; l'arc simple ou primitif se trouve entre les mains des habitants de quelques régions de la Sibérie, de la Chine, du Japon et de l'Hindoustan : c'est le seul en usage chez les naturels de certaines îles telles que Ceylan ou les îles Adanam (golfe du Bengale). On trouvera représenté dans la figure 74 un arc des montagnards de l'Inde du genre primitif.
Enfin dans la région du Cambodge on trouve des arcs d'une espèce assez particulière. Sur leur corde est placé une sorte de godet, semblable au culot d'un gland ou au fond d'une noisette qu'on aurait coupée par le milieu. Ces arcs sont destinés à envoyer de petites balles ou des boulettes en terre (fig. 75).