II
EN OCÉANIE
Les îles comprises dans les limites géographiques qu'on est convenu de donner à cette partie du monde qu'on appelle l'Océanie, présentent, au point de vue de la civilisation de leurs populations indigènes, des différences très considérables et sous le rapport des arcs on observe des différences aussi sensibles.
Dans les îles de la Sonde, qui se rattachent encore moralement aux pays orientaux, l'arc affecte des formes analogues à celles des arcs asiatiques et, comme en Asie, il reste surtout, de nos jours, un objet de luxe utilisé seulement par certaines classes.
A Java, on trouve des arcs faits entièrement en corne comme pouvaient l'être ceux décrits dans Homère, d'autres de petite taille faits en baleine servent au jeu (fig. 76).
Tous les auteurs s'accordent à dire que l'arc a toujours été inconnu en Australie. Les indigènes de cette vaste contrée n'ont jamais fait usage d'armes de jet autres que la sagaie et le boumerang.
Dans les îles de l'océan Pacifique, dans les archipels de la Micronésie et de la Polynésie, l'arc primitif se rencontre entre les mains des naturels et il est un fait acquis, c'est que sa présence révèle presque toujours le sang nègre dans leurs origines.
Leurs arcs sont souvent de grande dimension ainsi que leurs flèches qui atteignent parfois un mètre cinquante et sont presque toujours dépourvues d'empennes et d'encoche et ne sont armées que par la pointe qui est aiguisée.
Dans la même région, notamment aux Nouvelles-Hébrides, on trouve des arcs affectant des formes tout à fait particulières. Tel celui dont nous donnons un spécimen (fig. 77) emprunté au chapitre III signé de M. Longman dans Archery.
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Fig. 77. Arc des Nouvelles-Hébrides. D'après Longman Fig. 76. Arc javanais (1m, 62) Collection Giudicelli (gauche)<br>
Fig. 77. Arc des Nouvelles-Hébrides. D'après Longman](076-077_small.jpg)
Fig. 77. Arc des Nouvelles-Hébrides. D'après Longman
A Tahiti, le jeu de l'arc était, il y a une cinquantaine d'années, un jeu sacré qui consistait à envoyer des flèches le plus loin possible. Les archers revêtaient pour cette circonstance une robe de cérémonie. Un voyageur prétend qu'ils lançaient parfois leurs traits à plus de 3oo mètres, bien que leur façon de tirer fût assez particulière; en effet, ils tiraient l'arc, ayant un genou en terre, et tenaient leur arme si légèrement qu'une fois la flèche partie l'arc tombait à terre .
D'après les récits des voyageurs, un des sports en honneur aux îles Tonga était, à une certaine époque, de tirer des rats à l'arc devant soi à des distances assez courtes[11].