L'uniforme, d'après Delaunay[47], était de rigueur en 1728 et devait se composer « d'un habit écarlate en surtout brodé d'un galon d'argent et d'un chapeau avec une cocarde blanche ».
Suivant une ordonnance rendue par Louis XV en 1774, l'uniforme des chevaliers de l'arc et arquebusiers était « un habit rouge de camelot ou de bouracan, boutons en or à brandebourgs. douze boutonnières par devant, trois à chaque poche et par derrière. Parements et collets en bouracan couleur chamois garni au pourtour d'un petit galon en or, les boutons uniformes, une épaulette en or avec frange et graine d'epinard, veste et culotte en bouracan chamois ».[48]
A vrai dire, les ordonnances royales visaient plutôt, au XVIIIe siècle, les compagnies d'arque busiers ; les archers des villes, quand ils étaient assez riches pour avoir un uni forme, le compo saient comme ils l'entendaient. Les archers des localités peu importantes semblent s'être dispensés de cette charge.
Nous allons indiquer parmi les uniformes connus des compagnies d'arc ceux qui peuvent présenter quelque intérêt.
Celui des Grands Archers d'Amiens se composait d'un habit de drap blanc à parements bleus et à boutons galonnés d'argent, d'une veste, d'une culotte et de bas bleus, et d'un chapeau tricorne bordé d'un galon d'argent et surmonté d'un petit plumet blanc ayant à sa base trois plumes bleues[49].
La Compagnie d'arc de Noyon avait un habit écarlate brodé d'un galon d'or avec boutons de même ; le chapeau était garni d'un galon de même métal et était relevé d'une cocarde et d'un plumet blanc.
Les Archers de Soissons, en 1768, portaient l'habit de drap écarlate avec collet, revers et parements verts, veste et culotte écarlate à double boutonnière d'or et un chapeau bordé d'or[50].
En 1715, ceux de Crépy-en-Valois étaient « en uniforme de crépon d'Alençon, fond gris de perle, jaspé de soie blanche ; les vestes de basin, culottes et bas rouges, les chapeaux bordés d'argent, garnis de plumes blanches et de cocardes rouges et blanches ».
Ceux de Braine « étaient habillés de couleur musquée avec boutons d'argent ».
A Dôle, l'uniforme des Chevaliers se composait dans le principe, d'une veste en drap écarlate, d'une culotte ventre de biche brodée en argent et d'un chapeau bordé de même. Depuis 1738, il se composa « d'un habit rouge de camelot, d'une veste de toile jaune, d'une culotte de calamandre rouge, le tout à boutons d'argent ; d'un chapeau orné d'une rosette blanche et galonné d'argent[51] ».
A Lons-le-Saulnier, c'était « l'habit, la veste et la culotte écar-lates avec brandebourgs en or et boutons d'or; les bas de soie blancs, boucles d'argent aux souliers et à la jarretière de la culotte; le chapeau tricorne bordé d'hermine, avec cocarde blanche et plumet rouge; épée avec garde en or[52] ».
A Poligny, l'uniforme était bleu de roi assorti de cartouches d'or, le chapeau en castor sans bord orné d'un plumet blanc[53].
A Besançon, « l'habit de drap écarlate, doublure rouge, veste et culotte ventre de biche, un bordé sur la veste, jarretières d'or sur la culotte, chapeau bordé d'un galon uni, boutons d'or à l'habit, veste et culotte[54] ».
A Chambéry, habit écarlate avec revers bleu de ciel, parements en velours noir, garnitures jaunes en or, chapeau uni avec cocarde bleue, à boutons d'uniforme, cravate noire et bas blancs ; chaque chevalier était coiffé avec la queue en ruban[55].
Collection du baron Pichon. — Reprod. d'après l'ouvrage de M. Delaunay.
L'épée venait la plupart du temps rehausser encore l'éclat de tous ces brillants uniformes. Ceux-ci, bien entendu, n'étaient portés que dans les jours de cérémonie et de tir important et non lorsqu'il ne s'agissait que de l'exercice ordinaire.
Au jeu, les archers se contentaient en effet d'ajouter à leur costume usuel un brassard destiné à protéger l'avant-bras gauche de toute atteinte de la corde de l'arc. Le plus souvent le brassard consistait en une pièce de cuir munie de courroies, mais parfois il était en ivoire gravé de dessins, d'emblèmes et de devises (fig. 56).