Pour en revenir à la tenue de cérémonie, dans laquelle paraissaient les compagnies françaises les jours où elles sortaient en corps de leurs Jardins, il faut ajouter qu'elles étaient précédées de tambours et de fifres, du lieutenant, du prévôt portant une hallebarde, enfin d'un porte-enseigne muni de l'étendard de la Compagnie.
Les étendards des Compagnies étaient pour la plupart de grandes dimensions et, pour que le port en fût plus facile, les longues hampes étaient savamment équilibrées par une masse en plomb fixée à leur talon et formant contrepoids. Ils étaient formés d'une pièce de soie sur laquelle on brodait les armes de la ville et plus souvent un saint Sébastien et différents attributs de l'arc. Pourtant au XVIIIe siècle beaucoup de compagnies adoptèrent le drapeau blanc fleurdelisé.
Les Sociétés du nord conservèrent en général leurs grands étendards variés de couleur, mais presque tous munis d'une sorte de croix de Saint-André formée par de larges bandes de soie, de nuances différentes au fond et semblant représenter des troncs d'arbres.: au centre un saint Sébastien et, à l'entour, des attributs de l'arc étaient ordinairement brodés. (fig. 57).
Voici la description de quelques drapeaux de différentes Compagnies d'arc du XVIIIe siècle.
L'étendard des chevaliers de Poligny était d'un côté en damas cramoisi aux armes et devises de Poligny : de l'autre en damas aurore avec un aigle[56] aux serres armées de la foudre, le tout relevé en broderie d'or et d'argent.
Le drapeau des chevaliers de Fontainebleau était blanc, semé de seize fleurs de lis d'or, de quatre carquois et flèches entremêlées et dorées. Il portait au centre une couronne d'or surmontant les armes de France et de Navarre et avait « deux aulnes moins demi quart en carré de la grandeur de ceux du Roy ; la pique dorée au feu ».
A Amiens, la Compagnie des Grands Archers après avoir eu « une bannière de taffetas pers et azur aux armes de la ville » adopta un grand drapeau « fait de taffetas de soie bleue, semé de fleurs de lis d'or, coupé à angles droits d'une croix blanche cantonnée, au premier et au quatrième quartier de deux flèches dorées en sautoir, au deuxième et troisième d'un arc bandé et armé de même métal. Sur la croix qui le traverse se voyait la date du roy, un soleil d'or et, au-dessous les armes de France surmontées de la couronne royale et entourées du collier du Saint-Esprit. »
La Compagnie de Noyon avait un drapeau de damas blanc orné d'un soleil et d'un trophée d'armes en broderies d'or : elle avait de plus une enseigne en taffetas blanc.
La Compagnie d'arc de Braine a encore en sa possession un drapeau fleurdelisé avec l'inscription c Vive le Roi ».
Les arcs en France, à l'époque des Francs Archers, étaient tous en général d'un modèle analogue prescrit par les ordonnances, et comprenaient des arcs simples et aussi des arcs doublés[57]. Les Compagnies semblent avoir toujours conservé, à quelques différences près, le même type d'arc sur le dos duquel elles furent souvent tenues de faire écussonner les armes de la ville, siège de leur résidence.
On désignait l'ensemble des membres de chaque compagnie par des surnoms plus particulièrement destinés, à vrai dire, à tous les habitants de la ville qu'ils représentaient, car l'on attribuait indifféremment les mêmes aux compagnies d'archers, d'arbalétriers ou d'arquebusiers d'un même lieu.
Nous rappelerons quelques-uns des sobriquets les plus connus : les Badauds de Paris, les Chats de Meaux, les Écrevisses d'Étampes, les Friands de Cambrai, les Chiens de Mantes, les Anguilles de Melun, les Gascons de Vitry-le-François. les Brûleurs de noir de Charleville, les Savourets de Coulommiers, les, Mangeurs de pain d'épices de Reims, les Besaciers de Senlis, les Glorieux de Laon, les Dormeurs de Compiègne, les Soupiers de Pont-Sainte-Maxence, les Vachers de Chauny, etc., etc. Les Chevaliers de quelques autres villes avaient des surnoms qu'il nous serait difficile d'écrire.