Pourtant le même auteur dit avoir lu, dans le Mercure de France, l'annonce d'une réunion des archers et archères de Sceaux, ce qui semblerait indiquer que les femmes qui se livraient au jeu de l'arc se groupaient parfois en Compagnie. Nous trouverons, d'ailleurs, d'autres indications dans les statuts des chevaliers de la ville de Paris, où il est dit que « l'oiseau des dames sera tiré le même jour que celui des chevaliers » et la reine déterminée dans les mêmes conditions que le roi.
Nous avons expliqué que, dans les premières années où l'on vit surgir les Compagnies d'arquebuse, les Sociétés d'arc avaient passé par une phase de décadence pouvant faire présumer de leur fin prochaine et que toutefois, grâce à l'attachement qu'elles avaient montré pour leur arme et grâce aux puissants appuis qu'elles avaient su trouver, l'exercice de l'arc avait eu un regain de popularité. La difficulté du tir de cette arme paraît avoir été, aux yeux de bon nombre d'archers, un de ses principaux attraits, et le peu de considération qu'ils témoignaient à l'égard des armes à épaulement semble prouvé par ce fait, que beaucoup de Compagnies d'arc, désireuses de ne pas se montrer, de parti pris, hostiles à toute idée de progrès, ajoutèrent à leur jeu habituel l'exercice du tir au pistolet[62].
Dans le regain d'affection pour l'exercice de l'arc, Paris suivit l'exemple donné par la province. Après la mort de Henri IV, les anciennes Compagnies d'archers, transformées en arquebusiers sous son règne, s'étaient divisées en « gardes de la ville et en archers de robe courte[63] », lorsque, vers la moitié du XVIIIe siècle, on vit, à côté de quelques Sociétés d'arc vivant obscurément à l'écart, reparaître avec plus d'éclat d'autres Compagnies d'archers décidés à pratiquer l'exercice de l'arc. Malgré sa naïveté apparente cette résolution avait sa raison d'être, car, ainsi que nous l'avons déjà dit, certaines Compagnies d'arquebusiers substituées à d'anciennes Compagnies avaient, çà et là, gardé le titre d'archers et le peuple désignait volontiers sous cette dernière dénomination l'une ou l'autre de ces corporations[64].
Parmi ces Compagnies d'arc, nouvelles venues ou ressuscitées, il en est une qui mérite une attention particulière, car son organisation et même son existence semblent avoir été, sinon ignorées, du moins laissées dans l'ombre par les historiens qui se sont occupés de l'étude des sociétés de ce genre.
Elle se reconstitua en 1748 et obtint de faire partie de l'escorte du gouverneur de Paris. En 1775, le maréchal duc de Biron lui confirma ce privilège à la condition qu'elle consentît, dans ses fonctions pour le service de l'État, à porter les armes à feu. En 1780, le duc de Brissac, gouverneur de Paris, renouvela ses titres d'établissement; enfin, le duc de Montmorency-Luxembourg accepta le titre de colonel de ce corps qu'il organisa militairement par une ordonance rendue en 1786. Le règlement qu'il lui imposa, inspiré sur certains points par les statuts de Saint-Médard de Soissons, en diffère essentiellement sur beaucoup d'autres, comme on pourra en juger[65].
Cette Compagnie comptait comme protecteurs le Gouverneur, le Prévôt des Marchands, les Échevins et le Lieutenant de Police de la Ville de Paris. Elle ne devait se recruter « que dans le Corps des Marchands ou dans les Arts libres » ; « un homme de métier » n'y était pas admis. Pour en faire partie il fallait, en outre, être marié ; toutefois on y recevait exceptionnellement « un garçon ayant de la fortune et vivant du revenu o ainsi que « tout homme attaché à quelque Académie ou employé dans les Bureaux du Roi ou particuliers »