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Les Compagnies d'Arc
Part 5 de 17

On remarque tout d'abord que, malgré la formation des compagnies rivales d'arbalètes ou d'arquebuse, l'arc reste en honneur, longtemps après le XIVe siècle, dans certaines régions et plus spécialement dans le nord de la France et aussi en Bourgogne,en Savoie, en Belgique et dans les Pays-Bas. On trouve la trace officielle de l'existence de Compagnies de jeu d'arc jusqu'au XVIIIe siècle dans presque toutes les villes, notamment à Amsterdam, Anvers, Auxerre, Bourges, Bruges, Bruxelles, Châlons-sur-Marne, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Chimay, Dijon, Fontainebleau, Gand, Genève, Langres, Laon, Laval, Liège, Lyon, Mantes, Montpellier, Clermont-Ferrand, Namur, Nevers, Nîmes Orléans, Paris, Reims, Rennes, Rouen, la Rochelle, Tours, Troyes, Soissons, Saint-Quentin, Villefranche en Beaujolais, Ypres, Zurich, etc., sans parler des localités de moindre importance, ni des villes d'Ecosse et d'Angleterre.

A part les sociétés de ces derniers pays, toutes les compagnies d'arc avaient une organisation presque identique et se doublaient d'une confrérie placée sous le patronage ou « de la Benoîte Vierge Marie, de Monsieur Saint Sébastien et de tous les Saints du Paradis » ou simplement de saint Sébastien, ou parfois aussi, mais plus rarement, de sainte Ursule ou de sainte Christine. Ces deux dernières patronnes, qui avaient subi un martyre analogue à celui de saint Sébastien, c'est-à-dire qui avaient péri sous les flèches de leurs bourreaux, furent choisies, la première notamment à Valenciennes[18], la seconde à Saint-Quentin[19] et à Amiens[20], par des sociétés d'arc voulant se distinguer d'autres archers de la même ville placés sous la protection de saint Sébastien.

Dans quelques pays il y avait confusion entre la Confrérie et la Société et les deux ne faisaient qu'une, sous l'un ou l'autre nom.

Dans d'autres, au contraire, la Confrérie était distincte: on pouvait faire partie de cette dernière sans être archer, pourvu qu'on fût « de la religion catholique, apostolique et romaine » ; les protecteurs, que nous appellerions maintenant les membres honoraires, étaient reçus de la Confrérie sans être tenus de tirer à l'arc; mais nul membre de la Compagnie d'arc n'était dispensé de se faire admettre dans la Confrérie, au bout d'un stage plus ou moins long.

Vers les débuts du Moyen âge, l'institution de la chevalerie s'était développée dans la noblesse guerrière d'une partie de l'Europe. C'est elle qui semble avoir fourni l'idée d'imprimer aussi aux seules associations militaires accessibles aux bourgeois et aux gens du peuple, telles qu'étaient les Compagnies d'arc, un caractère spécial destiné à exalter chez tous ceux qui en faisaient partie les sentiments d'honneur, de solidarité de courtoisie et de bienséance. On créa donc la Chevalerie de l'Arc et elle-même servit de modèle à celle de l'arbalète et de l'arquebuse.

L'admission définitive dans une Compagnie d'arc, que celle-ci portât le nom de Connétablie, de Grand Serment, de Petit Serment ou de Confrérie, conférait à l'élu le titre de Chevalier.

Les officiers de ces compagnies étaient, en général, le Connétable, le Prévôt, le Roi, l'Empereur : plus tard on ajouta un Capitaine, un Lieutenant et un Porte-enseigne.

Le Connétable était primitivement élu chaque année par les chevaliers, le jour de la fête de saint Sébastien (20 janvier) : dans la suite, ce titre, dans la plupart des compagnies, fut conservé à vie au plus ancien des officiers, et l'on créa les capitaines soumis tous les ans à la réélection.

Le Prévôt était chargé spécialement de trancher les différends, de maintenir l'ordre et de percevoir les amendes.

Le Roi était celui qui avait abattu l'oiseau ou papegay, ou encore papegault[21], dans l'année, le jour où se célébrait cette cérémonie, c'est-à-dire au commencement de mai.

Pour être Empereur il fallait avoir abattu lui-seau trois années de suite.

Les officiers et les chevaliers recevaient les nouveaux candidats.

Ceux-ci, outre l'obligation d'être catholiques, avaient celle d'être d'une probité reconnue et de mœurs irréprochables.

Ces conditions assuraient à ces associations un renom d'honorabilité et l'élite de la population de chaque ville briguait l'honneur d'en faire partie.