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Les Compagnies d'Arc
Part 8 de 17

Sans nous arrêter au supplice du « cept portatif[26] » que le roi Charles VI dans des Lettres patentes de 1390, promettait de faire subir à tous ceux qui enfreindraient sa défense de jouer de l'or et de l'argent aux exercices de trait, disons que les punitions infligées par les officiers des Compagnies, chargés de la police intérieure du jeu, se bornaient à des amendes payables en deniers ou en pots de vin. L'exclusion de la Compagnie n'était prononcée que dans des cas graves.

Dans la « Confrérie des archers de l'arc de main » de La Bas-sée, les confrères coupables de fautes légères étaient condamnés à mettre « leur bonnet, gant ou soulier au berceau et à tirer dessus[27] ».

A Reims, nous voyons, en 1546, un archer convaincu d'avoir proféré des blasphèmes obligé de « payer une demi-livre de cire pour appliquer aux torches du jardin, et d'aller à genoux et tête nue baiser une des buttes et ensuite boire un verre d'eau » ; un autre « coupable d'injures dites au connestable » est condamné « à aller à genoux tête nue depuis une des gardes jusqu'à la butte baiser la Broche d'icelle butte et boire deux verres d'eau ». En 1505,dans la même compagnie, un chevalier, tonnelier de son état, s'étant présenté pour tirer avec son tablier de peau, « ce qui parut aux autres chevaliers chose deshonnête », avait été puni de la même façon[28].

Dans le cas où un chevalier refusait de payer l'amende, la société avait le droit de faire saisir son arc, sa trousse de flèches et quelquefois son uniforme.

Enfin, à la mort de tout chevalier, ces différents objets revenaient de droit à la compagnie.

Les contestations et les litiges entre compagnies, ou entre chevaliers de différentes compagnies, étaient tranchées suivant leur nature par des juridictions variées.

Les abbés de Saint-Médard de Soissons se disaient « Grands Maîtres des Compagnies d'Arc du Royaume » depuis nombre de siècles et prétendaient que cette charge leur avait été dévolue à la suite des circonstances suivantes.

En l'an 825, les reliques de saint Sébastien ayant été, à la suite de nombreuses démarches et non sans de grandes difficultés, transportées de Rome à Soissons dans leur abbaye, l'abbé titulaire d'alors avait eu l'idée, devant l'énorme affluence de visiteurs qui accouraient de toutes parts, de préposer à la garde de ces reliques la confrérie d'archers formée par les habitants du faubourg Saint-Wast, vassaux de l'abbaye; eu égard à ce rôle, le roi Charles le Chauve aurait, quelques années plus tard, donné le titre de Grand Maître de tous les archers de France à l'abbé du monastère et à ses successeurs, et une bulle du pape aurait confirmé cette investiture.

Au XVIIe siècle, on vit donc ces derniers, ou en leur absence les prieurs ou sous-prieurs de l'abbaye, invoquer cette prérogative pour déclarer la Compagnie de Soissons (faubourg St-Wast) « Compagnie Colonelle » et pour s'attribuer le droit : d'imposer des statuts à toutes les Compagnies, de rendre des sentences, d'octroyer des lettres patentes donnant une forme légale aux anciennes compagnies ou en créant de nouvelles, de parapher leurs registres, enfin d'ordonner la dissolution de celles qui s'étaient rendues coupables de manquements graves aux statuts ou règlements généraux.

En réalité, ces prétentions n'étaient peut-être pas très justifiées et leur légitimité a été mise en doute, non sans une certaine âpreté, par MM. Fouque[29] et Janvier[30] qui ont pris soin de signaler que la charge de Grand Maître des Archers ne figurait pas dans la liste des Grands Officiers de la Couronne. Rien n'est plus exact ; mais si l'on considère cette absence comme la preuve d'une usurpation de titre, ce délit était-il si grave, et méritait-il d'être si amèrement reproché à ceux qui l'avaient commis?

Fig. 47. — Martyre de saint Sébastien. De la calcographie du Maître du Cabinet d'Amsterdam.
Fig. 47. — Martyre de saint Sébastien.
De la calcographie du Maître du Cabinet d'Amsterdam.